Plic ploc

Je ne sais plus m’agacer de la pluie.

Aujourd’hui mouille. Les orteils, rangés dans des baskets, paniquent (« Qu’est-ce qui s’passe ? Qu’est-ce qui s’passe ? Ça fait bientôt trois semaines qu’on alterne tongs et sandales ? Pourquoi y a plus de lumière tout à coup ? Pourquoi des chaussettes ? »), le parapluie a goutté sur ma cuisse.

Je suis dans un tram bondé, odeur moite de gens mouillés, pire que le chien, en un sens, attention à la marche et aux baleines ouvertes soudain, M’am.

Et je ne m’en agace pas.

Le manque d’eau de la terre, de la Terre, s’inscrit-il en nous comme ces choses que nos corps sentent, savent, par l’expérience de l’espèce ? Vieilles âmes.

Je ne dirai plus « quel temps ! », même pour le small talk, mais « on en a besoin ». Ne se rend-on pas compte ?

Productivité

Aujourd’hui, je n’avais pas d’élèves, quasi pas de collègues, et j’ai eu une journée particulièrement efficace au boulot. Je n’ai pas arrêté, j’ai même mangé devant mon écran. Les temps qui pourraient être assimilés à des pauses ont été consacrés à aller voir des gens avec qui j’ai parlé boulot. J’ai abattu une grande quantité de travail et bien entamé la todolist. J’ai traité des bouquins, je les ai rangés, déplacés, pilonés, scannés, inventoriés, listés, empilés, j’ai créé de la signalétique, j’ai changé de format un document grâce à environ sept cent vingt trois milles copier/coller, j’ai demandé de l’aide, j’ai passé des coups de téléphone (beurk), j’ai fait rentrer une commande dans un budget, j’ai souhaité bon courage, j’ai dansé en déplaçant des piles de livres, j’ai pris des nouvelles, j’ai anticipé des trucs, j’ai écris à ma cheffe, ça et tout le reste.

Et pourtant, ce soir, je suis bien moins fatiguée que ces deux dernières semaines.

Je renonce à comprendre comment mon cerveau fonctionne. Hum.

Font la paire

Les enfants qui tombent malade par paires, c’est un classique. Les nôtres, jusqu’ici, s’étaient toujours décalés. Cette fois, ils s’accordent dans les poussées de fièvre, se plaignent de leurs gorges de concert.

Mercredi 21h25, ressenti jeudi 15h.

Aujourd’hui, j’ai…

… appris à faire sourire un tigron.

… découvert des orthographes fort orgininales attribuées aux villes d’Ajaccio et de Dunkerque.

… donner beaucoup de doliprane à trop d’enfants.

… rajeuni mon fonds de deux ans.

… mangé des mini pains aux raisins.

… colorés des élèves.

… dis au revoir, encore.

Un peu d’air

Aujourd’hui, la chaleur a été telle que je n’ai pas réussi à marcher mes 25 minutes après le tram. J’ai pris la correspondance en cours de route.

Ce matin, il faisait 27 degrés au réveil dans nos chambres.

J’ai surveillé les élèves qui composaient. Assise à les regarder, immobile, je transpirais sous ma robe. Je ne sais pas comment ils ont trouver la ressource pour rédiger, calculer…

Alors quand les enfants ont demandé à aller au parc, après l’école, et qu’un brin d’air agitait les arbres, j’ai dis oui, évidemment.

J’imagine qu’il est exclu de rester ici jusqu’à la nuit, non ?

Inventaire

Il y a quelque chose de tellement satisfaisant à aligner les livres sur les étagères dans l’ordre précis du registre de recollement, de relever les erreurs, les corriger dans la base, mettre en cohérence, et savoir que pendant plusieurs semaines, personne ne viendra y mettre le bazar.

C’est répétitif, méthodique, sans fantaisie. Apaisant.

Ça tombe bien, il me reste un gros paquet d’exemplaires à vérifier.